Ils ont 55 ou encore 60 ans et sont souvent déconsidérés sur le marché du travail, assimilés trop souvent à des professionnels qui commencent à ne plus être bons à rien.
Pour preuve, la part des chômeurs de longue durée est largement supérieure chez les seniors (60,2 % en 2018) montrant ainsi leur difficulté à retrouver du travail à partir d’un certain âge.
Et pourtant, il en est pour qui entrer dans cette tranche d’âge n’est en rien un frein et qui décide de rebondir pour se donner un second souffle professionnel quitte à tout remettre en question à l’heure où beaucoup aspirent plus à une tranquillité bien méritée plutôt qu’une reconversion professionnelle.
Car oui, on peut être senior et reprendre le chemin de l’école pour tenter de nouvelles aventures et se lancer de nouveaux défis de vie.
À quel âge devient-on un sénior ?
Le terme est souvent associé au monde du travail et pour les petits jeunes, un senior est souvent représenté comme une personne âgée. Pourtant, officiellement, aucune définition exacte n’établit l’âge à partir duquel on peut être considéré comme senior.
Si dans les années 70-80, un employé arborait ce statut dès l'âge de 50 ans, avec le recul de l’âge de la retraite, les seniors voient également l’âge de ce rang augmenter à 55-60 ans.
Mais d’autres critères peuvent également entrer en jeu dans cette appellation si on prend en compte la pénibilité ou les niveaux de diplôme par exemple.
Avec le temps, le terme senior perd également son côté péjoratif. Tandis qu’auparavant ce mot était associé à la vieillesse et la perte de compétences, nous voyons de plus en plus cette locution comme la promotion de l’expérience et de l’expertise due à l’ancienneté professionnelle.
D’ailleurs, quand on parle de certains postes comme dans l’informatique, le terme senior qualifie très justement la personne qui a le plus d’expérience et junior le débutant.
Une politique de l'emploi des seniors qui évolue
Ne nous voilons pas la face. En matière d’emploi des seniors, la France accuse un retard important par rapport à ses voisins européens. D’ailleurs, en jetant un œil à l’étude de la Dares de décembre 2018, on s’aperçoit rapidement que le taux d’activité des 55-64 ans en France est inférieur de 5,7 points à celui de l’Union européenne et le taux d’emploi des 65-69 ans en France n’est que de 6,6 % en 2017, contre 12,7 % dans l’UE.
Certes, la France a mené durant près de trente années (jusqu’aux années 2000), une politique privilégiant les départs à la retraite massifs pour offrir plus d’opportunités de recrutement aux autres tranches d’âge. Cela s’est alors traduit par l’abaissement de l'âge de la retraite de 65 à 60 ans et la mise en place d’importants départs à la retraite anticipée.
Mais au début du nouveau millénaire, le vieillissement de la population et l’allongement de la durée de vie faisant son œuvre, le pays s’est retrouvé confronté à des difficultés de financement de ces retraites mais également à la difficulté d’atteindre le taux d’emploi de 50% des 55-64 ans fixé par l’Union Européenne.
Les politiques se sont vus dans l’obligation de revoir la donne pour faire de l’emploi des seniors une de leur priorité.
Depuis, la France a connu (non sans mal) plusieurs réformes des retraites, repoussant petit à petit l’âge de départ allant jusqu’à 67 ans d’ici 2023. En associant ces mesures à divers dispositifs au maintien dans l’emploi, à la formation, au recrutement de seniors et à la prolongation de l’activité après l'âge légal de départ en retraite, le taux d’emploi de cette catégorie d’actifs s’est progressivement amélioré.
Un taux d’emploi qui progresse mais un chômage de longue durée
Si les politiques en faveur des seniors ont permis d'augmenter le taux d'emploi et d’activité des seniors depuis 2008 permettant à 52,1% des personnes âgées de 55 à 64 ans d’avoir un emploi 10 ans plus tard, elles ne permettent pas encore de limiter leur taux de chômage qui s’accroît, en particulier le chômage de longue durée.
En effet, même si le taux de demandeurs d’emploi est sensiblement plus faible que pour l’ensemble des actifs (6,5% en 2018), la part des seniors durablement en recherche d’emploi est supérieure (60,2 % des chômeurs âgés de 55 à 64 ans le sont depuis au moins un an, contre 41,8 % pour les 15-64 ans), de même que la proportion d'emplois plus précaires à temps partiel ou en CDD.
De plus, toutes les tranches d’âge ne sont pas logées à la même enseigne puisque ce sont surtout les « jeunes seniors » âgés de moins de 60 ans qui voient leur taux d’emploi le plus progressé. Au-delà, seul 1/3 des 60-64 ans travaillent et ce taux tombe à moins de 7% pour les 65-69 ans.
Profil du senior en réflexion à la reconversion tardive
Licenciement, chômage de longue durée ou souhait de réaliser un projet de longue date, quelle que soit leur impulsion de départ tous les candidats seniors à la reconversion ont en commun le souhait de continuer à se sentir utile, se dépasser, pérenniser leur fin de carrière ou encore, relever un défi personnel.
Leur âge leur apporte en général une forte crédibilité, un gage d’expérience et par conséquent, des compétences légitimes.
De plus, ils n’ont en général plus d’enfant à charge et peuvent avoir constitué un capital plus ou moins élevé qui leur permettra soit de financer leur projet comme la création d’une entreprise, une formation… Ou de s’assurer un matelas financier durant leur processus de reconversion.
Au même titre que les actifs plus jeunes, les seniors peuvent avoir besoin de mettre à jour leurs connaissances et compétences pour maintenir leur employabilité ou apprendre un nouveau métier si leur décision est de changer radicalement de voie professionnelle.
Des accès à la reconversion facilités pour les seniors
Quand on envisage une reconversion, la case formation est quasiment toujours nécessaire. Pourquoi cela serait différent parce qu’on a dépassé la cinquantaine ? Heureusement, plusieurs dispositifs permettent aux seniors encore actifs de se former et de le faire financer en tout ou partie.
- Plan de développement des compétences
Pour les plus de 50 ans en d’activité, il leur est tout à fait possible de s’entretenir avec leur responsable RH pour voir si une action est possible dans le cadre du plan de formation. L’entretien professionnel peut aussi être l’occasion d’en discuter. - Compte personnel de formation (CPF)
Comme tout actif, les seniors disposent d’un CPF qu’ils peuvent librement utiliser pour se former. Des dispositions particulières pour les seniors inscrits à Pôle emploi et âgés de 50 à 54 ans à la date de fin de leur contrat de travail permettent d’abonder leur CPF des heures complémentaires nécessaires au projet de formation identifié, dans la limite de 7 500 euros. - Conseil en évolution professionnelle
Ce dispositif peut constituer un véritable tremplin pour faire le point sur un projet ou pour envisager la suite de sa carrière. - Reconversion ou promotion par l'aternance (Pro-A)
Elle vise à favoriser le maintien dans l’emploi des personnes peu qualifiées via une formation en alternance. - Bilan de compétences
Permettant à un salarié ou à un demandeur d'emploi de faire le point sur ses compétences, aptitudes et motivations et de définir un projet professionnel ou de formation, sachez que les Centres Interinstitutionnels de Bilans de Compétences (CIBC) proposent une prestation dédiée aux salariés de plus de 45 ans.
À noter, concernant les allocataires âgés de 53 à 54 ans à la fin de leur contrat de travail : en cas de formation, la période de versement de l'Allocation de retour à l’emploi formation (Aref) vient s’ajouter à la durée maximale d’indemnisation, dans une limite de 6 mois supplémentaires (soit 131 jours indemnisables).
Secteurs propices à la reconversion des seniors
Si vous vous demandez que faire à 50 ans comme travail, voici une liste de secteurs qui recrutent des seniors en recovnersion.
Création entreprise
Grâce à leur expérience, leur maturité, leur motivation ou encore leur situation familiale et financière bien plus stable que leurs homologues bien plus jeunes, une reconversion en tant que chef d’entreprise est souvent l’idéal pour changer de vie jusqu’à la retraite. Cela permet de s’affranchir du statut de salarié et de ne pas se retrouver à devoir convaincre des recruteurs de ses compétences ou de son salaire.
Grande distribution
Ce secteur ayant compris que s’adresser à des vendeurs de la même génération était rassurant pour des clients, la grande distribution recrute de plus en plus facilement des seniors que ce soit pour des postes en magasin ou en réception d’appels. Mais cette tendance se confirme également au niveau de l’encadrement où ex-managers ou ex-dirigeants de PME sont recrutés pour des postes de direction.
Industrie de pointe
Dans certains secteurs, les entreprises recherchent avant tout des professionnels chevronnés pour démarcher et vendre. Ce type de profil ne se trouve pas avec des juniors. Plus les produits seront complexes et leur cycle de vente long, plus les commerciaux seniors auront leur place. Les secteurs de la mécanique, la santé, le matériel médical ou encore le BTP sont assez friands de ces profils.
Coaching
En France, les métiers du coaching sont en plein boom et offrent la possibilité à bon nombre de personnes de se mettre à leur compte. Cependant, l’idée même d’un coach est de pouvoir s’appuyer sur son expérience pour délivrer une expertise. Les seniors ont ainsi une plus grande légitimité face à cela.
Immobilier
Comme tous les secteurs qui recherchent des commerciaux expérimentés, l’immobilier offre de belles opportunités pour les seniors ayant la fibre commerciale.
Aide aux personnes
Avec une population de plus en plus vieillissante, le secteur de l’aide à la personne recherche chaque année de plus en plus de candidats et offre ainsi de vraies opportunités de recrutement et d’emplois durables. Aide à domicile, auxiliaire de vie… sont des activités à saisir pour des quinquagénaires en reconversion professionnelle.
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