Dans une entreprise, il est important que les salariés et leur employeur disposent de temps d’échanges permettant à chacun d’exprimer leurs attentes vis-à-vis de l’autre et d’étudier les perspectives d’évolutions qui satisferont les deux parties. Pour cela existe l’entretien professionnel dont vous découvrirez tous les détails ci-après.
Qu’est-ce que l’entretien professionnel ?
Depuis la loi du 5 mars 2014 ( Loi n°2014-288, Code du travail article L.6315-1) portant sur la réforme de la formation professionnelle, l’entretien professionnel est devenu une obligation pour toutes les entreprises, introduite au sein du Code du travail dans le cadre de la réforme de la formation professionnelle (Loi 2014-288, Article L6315-1). Il s’adresse à tous les salariés (quelle que soit la nature de leurs contrats) et tous les employeurs et doit se dérouler tous les 2 ans.
Véritable outil managérial au service des Ressources Humaines, cet entretien remplace le bilan d’étape professionnel, l’entretien de seconde partie de carrière ainsi que tous les entretiens obligatoires prévus après une suspension du contrat de travail.
Son objectif est de construire un échange entre l'entreprise et ses salariés afin de connaître leurs aspirations professionnelles, définir des perspectives d'évolution et enfin, planifier les formations nécessaires pour acquérir les nouvelles compétences requises.
La "loi Travail" de 2016 a d’ailleurs introduit une obligation d'information sur la VAE (validation des acquis de l’expérience) lors cette rencontre. Tous les 6 ans, un bilan doit constater la réalité de la tenue de ces entretiens bisannuels et des actions menées.
Sur cette période de 6 ans, la loi impose également que chaque collaborateur ait bénéficié d'au moins 2 des mesures suivantes :
- au moins une action de formation
- l’acquisition d'un élément de certification professionnelle (diplôme ou autre certificat) validant une formation ou bien via une VAE (Validation des acquis professionnels)
- une progression salariale
Un accord collectif d’entreprise ou, à défaut, de branche, peut désormais prévoir une périodicité des entretiens professionnels différente.
Différence entre entretien professionnel et entretien annuel
Il ne faut pas confondre ces 2 types d'entretiens qui ne se substituent pas l’un à l’autre, mais se complètent.
L’entretien annuel vise à évaluer le salarié dans son poste, tandis que l’entretien professionnel a un périmètre plus large qui aborde le futur du salarié dans la structure en l’accompagnant dans ses perspectives d'évolution professionnelle (qualifications, changement de poste, promotion, ...) et en identifiant ses besoins de formation.
Qui bénéficie de l’entretien professionnel ?
Cet entretien concerne tous les salariés qu’ils soient en CDD, en CDI, en contrat aidé, en contrat de travail temporaire, à temps partiel, etc. Les apprentis et détenteurs de contrat de professionnalisation également.
Par contre, les employés mis à disposition des entreprises d’accueil, les intérimaires et ceux qui travaillent dans le cadre d’une sous-traitance ne sont pas concernés.
Par ailleurs, l'entretien professionnel doit être proposé à tous les salariés qui, après une période d’interruption reprennent le travail :
- Retour de congé (congé de proche-aidant, congé sabbatique, congé de maternité, congé d’adoption, congé parental d’éducation);
- Interruption due à une mobilité volontaire et sécurisée;
- Arrêt maladie ayant duré plus de six mois;
- Arrêt de travail pour exercer un mandat syndical.
Un outil au service de l'entreprise et des collaborateurs
Avantages pour l’entreprise
L'entretien professionnel est un moment privilégié pour échanger avec ses salariés, prendre le pouls des équipes et préparer son plan de développement des compétences.
L’entretien professionnel est un outil de gestion des ressources humaines qui me permet de :
- connaître les projets professionnels et les besoins de mes collaborateurs pour les faire évoluer,
- construire un plan de formation plus efficace, en lien avec mes attentes et celles des salariés,
- valoriser et motiver mes équipes.
Avantages pour les salariés
L’entretien professionnel est une démarche constructive qui permet au salarié de :
- Faire part à son employeur de son projet professionnel et d’exprimer ses besoins en termes de compétences,
- Faire le point sur les formations suivies, les compétences acquises et celles qui méritent d’être renforcées,
- Avoir une vision plus globale des perspectives d’évolution de son entreprise.
Comment se déroule cet échange ?
Comment s'organise l'entretien professionnel ?
- Synthèse des compétences développées, des actions de formations réalisées et des difficultés rencontrées par le salarié
- Mise à plat des souhaits de formation du salarié, des perspectives d’évolution de sa qualification et de son emploi. Exposition par l’employeur des axes stratégiques de l’entreprise, de ses attentes et de ses objectifs
- Réflexion commune entre l’employeur et le salarié sur la construction du parcours professionnel du salarié, du choix des formations…
Quels sujets doivent être abordés durant cet entretien professionnel ?
L’objectif de cet entretien étant de construire le projet professionnel du salarié en cohérence avec les besoins de l’entreprise et les évolutions du secteur d’activité, l’entretien professionnel devra donc comporter des informations relatives à :
- l'historique du parcours du salarié au sein de l'entreprise,
- ses compétences et formations suivies, diplômes obtenus, etc.
- son métier et sa fonction actuelle,
- ses projets professionnels,
- les besoins et les opportunités offertes par l'entreprise.
- l’activation du Compte personnel de formation (CPF),
- le conseil en évolution professionnelle (CEP)
N.B. Depuis le 1er janvier 2019, cet entretien peut avoir lieu à l’initiative du salarié à une date antérieure à la reprise de poste (cette possibilité n’était auparavant possible qu’avant la fin d’un congé parental d’éducation).
Que risque l’employeur en cas de non-respect de cet entretien ?
Sous réserve de l’appréciation des juges, l’absence d’entretien professionnel peut constituer une faute pour l’employeur dans le cadre de l’exécution d’un contrat de travail.
Si le salarié, au cours des six dernières années, n’a pas bénéficié des entretiens prévus et d’au moins une action de formation non obligatoire, l’employeur doit abonder le compte personnel de formation d’un montant de 3 000€ pour un salarié à temps complet ou à temps partiel.
À défaut ou en cas de versement insuffisant, après mise en demeure, il devra verser le double de l’insuffisance constatée au Trésor public.
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