Alors qu’il y a quelques années, les recruteurs embauchaient sur diplôme, ils y attachent désormais de moins en moins d’importance.
Beaucoup de candidats se demandent, et c’est tout à fait légitime de leur part, si le diplôme sert vraiment à quelque chose aujourd'hui ?
Nous allons tenter d’y répondre.
Le diplôme : un sésame nécessaire voire indispensable
Pour accéder à certains métiers
Pour exercer certaines professions, la possession d’un diplôme spécifique ou d’État est obligatoire.
En effet, on ne devient pas expert-comptable, médecin, vétérinaire, infirmière, sage-femme ou puéricultrice… sans un diplôme en poche !
Pour occuper un poste à responsabilités
Il existe deux voies d’accès pour devenir cadre :
- Par le niveau de formation (accès direct) : un enseignement et une formation professionnelle de niveau supérieure permettent de prétendre à la qualification cadre. Le salarié est embauché directement avec le statut de cadre.
- Par l’expérience acquise (accès indirect) : une expérience reconnue équivalente, dans un domaine scientifique, technique ou administratif permet de prétendre à la qualification cadre. Dans cette situation, le salarié devient cadre grâce à une promotion interne ou un changement de poste.
La première pratique reste la plus courante avec 8 cadres sur 10 en moyenne qui accèdent au statut cadre par un recrutement externe.
On comprend donc tout l’intérêt d’avoir un diplôme de niveau bac +5 pour devenir cadre et ainsi occuper un poste à responsabilités.
Pour évoluer plus rapidement
Le diplôme facilite grandement l’évolution de carrière. En effet, à compétences et à expérience égales, les recruteurs privilégient les candidats avec des diplômes de niveau supérieur.
Pour travailler dans les grandes entreprises
Côté recruteur, l'importance du diplôme dépend de la taille de l’entreprise. Plus elles sont grandes, plus le diplôme compte !
Les grandes entreprises privilégient les personnes titulaires d’un bac +5 (61% de leurs effectifs) alors que les TPE embauchent principalement des personnes de niveau bac ou moins (73,5% de leurs effectifs). Source : étude OFEM.
Pour éviter de se retrouver au chômage
En 2021, on comptait 2 365 000 chômeurs (soit 7,9% de la population active). Mais tous les niveaux de diplôme ne présentent pas le même risque de chômage.
En effet, le taux de chômage atteint 5,3% pour les actifs diplômés du supérieur (bac +2 ou plus), environ 8% pour ceux ayant le baccalauréat ou un diplôme de niveau 3 (CAP ou BEP) contre 14,4% pour ceux ayant au plus le brevet des collèges.
Le taux de chômage est donc moins élevé pour les actifs les plus diplômés.
Avoir un diplôme ne protège pas du chômage mais le fait de ne pas en voir protège encore moins !
Pour accéder à des emplois mieux rémunérés
Plus une personne est diplômée, plus son salaire est élevé.
En effet, en 2019, le revenu salarial annuel moyen des personnes titulaires d’un Bac +3 ou plus est de 37 210€ tandis que celui des non-diplômées est de 15 430€.
Pour être plus heureux
Plus les Français sont diplômés, plus ils sont heureux, satisfaits de leur vie, et trouvent davantage de sens à leur vie.
Les plus diplômés se déclarent aussi plus confiants envers les autres et plus optimistes vis-à-vis de l’avenir que les moins diplômés.
Source : Observatoire du Bien-être du CEPREMAP, n°2018-06, 05 Octobre 2018
Enfin, selon l’OCDE, il y a deux fois moins de dépression chez les titulaires d’au moins une licence (6%) que chez les non-diplômés (12%).
Une dévalorisation du diplôme qui s’accompagne d’une baisse de salaire
Si le diplôme est de plus en plus nécessaire, il est toutefois de moins en moins valorisé sur le marché du travail.
D’ailleurs, selon un sondage mené par le cabinet Deloitte, 22% des jeunes diplômés de bac à bac +5 considèrent que le diplôme n’est d’aucune utilité pour trouver un emploi. C’est aussi ce que pensent 17% des diplômés des grandes écoles.
Mais qu’en pensent les entreprises ? « Les DRH ne sont que 3% à trouver que le diplôme n’est d’aucune utilité ; en revanche, ils ne pensent pas qu’ils favorisent la qualité de l’emploi », note le PDG de Deloitte Europe continentale.
Pourquoi le diplôme perd de sa valeur ?
En raison de l’élévation générale du niveau d’éducation, il y a, pour chaque niveau de diplôme, de plus en plus de diplômés d’un niveau supérieur.
Autrement dit, la position relative de chaque niveau de diplôme s’abaisse.
Au fil des générations, il faut étudier plus longtemps pour occuper une position équivalente sur l’échelle des diplômes.
Voyons cela en détail.
Le niveau d’études de la population en hausse
En 2021, 26,2% de la population adulte (25-64 ans) a un diplôme supérieur à bac +2, 14,3% a un bac +2, 18,3% a le Baccalauréat (ou équivalent), 23,1% a un diplôme de niveau 3 (CAP, BEP ou équivalent) et 17,7% a au plus le brevet des collèges.
Le niveau de diplôme de la population augmente au fil des générations.
Ainsi, en 2021,12% des personnes âgées de 25 à 34 ans sont peu ou pas diplômés (au plus le brevet des collèges), contre 27% des 55-64 ans.
De même, les jeunes détiennent moins fréquemment un CAP, un BEP ou un diplôme équivalent que les plus âgés.
En revanche, ils sont beaucoup plus souvent bacheliers ou diplômés du supérieur : 72% contre 41% pour les 55-64 ans.
La différence entre les générations est particulièrement marquée pour les diplômés du supérieur long : 38% des 25-34 ans ont un niveau de diplôme supérieur à bac +2, contre 15% des 55-64 ans.
Une population active de plus en plus diplômée
En 2021, 45,2% des personnes occupant un emploi sont diplômées du supérieur (29,4% d’un diplôme supérieur à bac +2 et 15,8% d’un bac +2).
La part des diplômés du supérieur parmi les personnes en emploi était de 39,6% en 2016 (23,5% d’un diplôme supérieur à bac +2 et 16,1% d’un bac +2) et de 16,4% en 1990.
Cette proportion augmente au fil des années, sous l’effet notamment de la hausse générale du niveau d’études de la population. Source : Insee, enquête Emploi 2021.
Conséquence : le diplôme est de moins en moins rémunérateur
Comme sa valeur diminue à mesure que le nombre de titulaires augmente, le diplôme apparaît de moins en moins rémunérateur au fil des générations.
Par exemple, en 2010, le baccalauréat permettait aux salariés nés autour de 1980 de percevoir, à 30 ans, 76% du salaire moyen de l’économie. En comparaison, en 1970, les titulaires du baccalauréat nés autour de 1940 percevaient, au même âge, 167% du salaire moyen.
La baisse des salaires relatifs au fil des générations est d’ampleur comparable pour tous les niveaux de diplômes : à 30 ans, le salaire relatif des titulaires du brevet nés autour de 1980 est inférieur de 51% à celui de leurs homologues nés autour de 1940 (0,68 contre 1,40), de 55% pour le baccalauréat (0,76 contre 1,67), de 54% pour les diplômes de niveau bac à bac +2 (0,86 contre 1,87) et de 57% pour les diplômes supérieurs à bac +2 (1,16 contre 2,72).
Néanmoins, la baisse du salaire relatif perçu est moins importante (-43%) pour les titulaires d’un CAP ou d’un BEP.
Le diplôme n’est plus le Graal pour être recruté
Un fossé entre l’école et l’entreprise
Pour les recruteurs, les diplômes de l'enseignement supérieur ne préparent pas assez à la vie active. 40% d’entre eux estiment que les formations dans leur domaine d’activité préparent mal les étudiants (Source : OFEM). Les métiers évoluent tellement vite, que ce qu’ils apprennent en première année est déjà obsolète avant la fin d’un cursus en 4 ans.
Que privilégient les recruteurs ?
Le diplôme n’est plus un critère de distinction pour les entreprises. Celles-ci se basent sur le parcours professionnel, les compétences et la personnalité des candidats.
Voyons cela en détail.
L’expérience professionnelle
Selon une étude, 69% des personnes interrogées préfèrent recruter des candidats expérimentés parce qu’ils comprennent mieux les enjeux de l’entreprise, mais aussi parce qu’ils sont plus rapides.
Rappelons-le, le niveau d’expertise s’acquiert davantage sur le terrain que sur les bancs de la fac.
Les compétences
Les DRH constatent que ce sont d’abord les compétences professionnalisantes qui répondent à la demande des entreprises.
En effet, la capacité à s’adapter aux imprévus du monde de l’entreprise (l’adaptabilité) et la capacité à travailler sérieusement (la rigueur) sont leurs principales attentes.
Si les jeunes diplômés ont de solides compétences théoriques, il n’en demeure pas moins que leurs acquis ne sont pas assez pratiques. La principale faiblesse des formations serait donc les compétences professionnelles.
Et si la solution était de suivre une formation théorique et pratique pour préparer son diplôme ?
Pour acquérir la pratique et développer ses compétences et ainsi mettre toutes les chances de son côté d’être recruté, il est conseillé de multiplier les expériences en milieu professionnel en effectuant des stages ou en préparant son diplôme en alternance.
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